Un incident tragique a récemment eu lieu, au cours duquel un homme en crise de psychose a été abattu par des agents de police. Ironiquement, l’homme avait lui-même contacté les forces de l’ordre, conscient qu’il avait besoin d’aide. Malheureusement, la situation a dégénéré en une confrontation fatale, mettant en lumière de graves lacunes dans la formation et la compréhension des crises de santé mentale.
Et si…
Le titre du journal était : « la police abat un homme agressif à l’hôpital de Termonde. » Imaginons maintenant que la personne en question ait été une femme ou quelqu’un d’une autre origine ethnique (sans psychose), dont le comportement était mal interprété par la police. Le résultat ou la réaction du public auraient-ils été les mêmes ? Probablement pas. Les préjugés sociétaux déterminent souvent la manière dont nous réagissons aux personnes qui « ne correspondent pas à la norme ». Cet incident tragique soulève des questions fondamentales sur les biais inconscients, en particulier face à des individus en crise de santé mentale ou présentant des neurodivergences. Aux États-Unis, par exemple, les hommes noirs autistes subissant une crise (ou meltdown) ou pratiquant la stimulation (ou stimming) sont souvent perçus comme agressifs par la police. La discrimination joue fréquemment un rôle tacite dans ces situations, ne faisant qu’exacerber les difficultés rencontrées par ces personnes.
Comprendre la psychose : un appel à une meilleure formation en santé mentale
La psychiatre Kirsten Catthoor souligne la nécessité d’une meilleure collaboration entre les services de santé mentale et la police. Les personnes traversant une psychose sont dans un état de grande vulnérabilité, où hallucinations, délires et sensibilité émotionnelle accrue peuvent entraîner un comportement imprévisible. Malheureusement, les situations peuvent s’envenimer lorsque les intervenants de première ligne ne disposent pas de la formation adéquate. Ce cas illustre l’importance capitale d’une formation spécialisée pour la police et les services publics, axée sur la désescalade des situations liées aux problèmes de santé mentale. Des programmes comme les équipes d’intervention rapide à Anvers, où des policiers sont spécifiquement formés pour gérer les cas de santé mentale, affichent des résultats prometteurs. De telles initiatives sauvent des vies et démontrent qu’une réponse compatissante et éclairée est possible avec la formation appropriée.
Aborder les préjugés et la discrimination : un défi sociétal plus vaste
Au-delà de la collaboration avec les services de santé mentale, il est également crucial que les intervenants se sensibilisent davantage à la neurodiversité et à la neuro-inclusion. Cela leur permet de prendre conscience des éventuels biais inconscients qu’ils pourraient avoir. Nous devons aussi nous attaquer aux biais systémiques qui influencent la prise de décision en situation de crise. Qu’ils soient conscients ou inconscients, les préjugés fondés sur la race, le sexe ou l’apparence jouent un rôle dans la manière dont les autorités perçoivent et traitent les individus en crise. Lorsque les gens se comportent différemment — en particulier lors d’un épisode psychotique ou d’une crise (meltdown) —, ils sont souvent considérés comme dangereux. Ce biais est encore plus marqué lorsque la personne ne correspond pas aux normes sociétales définissant qui est perçu comme vulnérable. Nous ne pouvons ignorer que la discrimination, qu’elle soit intentionnelle ou non, aggrave des situations déjà tendues. Il est essentiel que les services publics — en particulier les forces de l’ordre — soient formés non seulement à l’intervention en cas de crise de santé mentale, mais aussi à la neurodiversité, ainsi qu’à la reconnaissance et à la gestion de ces biais.
La santé mentale et la neurodiversité au travail : l’aspect oublié de la sécurité
L’importance de la sensibilisation à la santé mentale et à la neurodiversité ne s’arrête pas aux services publics. En milieu professionnel, de nombreuses entreprises se concentrent principalement sur la sécurité physique ou les limitations physiques, notamment celles disposant d’équipes santé, sécurité et environnement (sse). Cependant, la santé mentale et la neurodiversité sont souvent oubliées ou négligées. C’est une occasion manquée. Soutenir le bien-être mental et la neurodiversité au travail est tout aussi crucial que d’aborder la sécurité physique. Les entreprises devraient se demander : notre équipe est-elle équipée pour gérer les défis de santé mentale et de neurodiversité chez les employés ? Offrons-nous les ressources et la formation nécessaires pour créer un environnement de travail sain, solidaire et neuro-inclusif ?
Un appel à l’action : prioriser la santé mentale et l’équité
Si nous voulons éviter des tragédies comme celle de Termonde, nous devons accorder la priorité à la formation en santé mentale et en neurodiversité à tous les niveaux de la société. Cela concerne non seulement la police, mais aussi les lieux de travail, les écoles et les communautés. Nous devons nous engager à reconnaître et à prendre en charge à la fois les besoins en santé mentale et en neurodiversité, ainsi que les préjugés qui empêchent les individus de recevoir les soins qu’ils méritent ou d’atteindre leur plein potentiel.
Daphné De Troch a appris à créer un environnement de travail avec la sécurité psychologique présente et à diriger une équipe de personnes neurodivergentes après avoir reçu un diagnostic de TDAH et d’autisme. Elle a créé Bjièn avec Dietrich pour aider d’autres responsables et équipes à se sensibiliser à la neurodiversité et à faire en sorte que leur lieu de travail soit neuroinclusif. Plus sur Daphné.